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J.-H. Rosny

Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]

11 Mars 2014, 15:01pm

Publié par Fabrice Mundzik

"Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" fut publié en 1946 par les éditions Flammarion, "à l'occasion de cinquantième anniversaire de la mort d'Edmond de Goncourt."

Il est précisé que "cette édition a été achevée d'imprimer le 25 juin 1946, sur les presses de l'imprimerie Lahure, à Paris. Le tirage a été limité à quinze cents exemplaires sur pur chiffon blanc des papeteries de Lana, numérotés de 1 à 1500."

L'ancien propriétaire de cet exemplaire l'a enrichi de coupures de presse qui sont visibles ci-dessous.

Ce recueil ne contient que des textes de membres de l'Académie Goncourt :

Lucien Descaves - Les derniers jours d'Edmond de Goncourt

J.-H. Rosny Jeune - Le Document humain

Roland Dorgelès - Apparitions de M. de Goncourt

Léo Larguier - La Maison d'un artiste

Francis Carco - La Fille Elisa

André Billy - Le Cas Goncourt

Colette - Les Goncourt que je n'ai pas connus

Je vous propose la lecture du texte de J.-H. Rosny Jeune :

Le Document humain

Edmond et Jules de Goncourt furent élevés par leur mère. Autant dire que c'étaient des enfants gâtés, qu'on leur passait toutes leurs fantaisies, et qu'ils rêvèrent de suite, au sortir de l'adolescence, d'exercer un des métiers qui mènent à la gloire. Jules fut un fort en thème, sans autre vocation que celle qu'on retrouvait alors chez tous les jeunes gens riches : d'écrire des tragédies et des romans qui ne devaient pas voir le jour. Edmond mordit profondément à la peinture, mais, lui non plus, ne laissa rien de ses travaux qui « valût la peine ». Tous deux se retrouvèrent dans la littérature, et l'on peut dire qu'ils n'hésitèrent pas à cultiver les genres les plus divers. Ils n'y purent exceller, étant trop riches. Que voulez-vous que ces charmants garçons trouvassent dans un genre que Murger illustra dans sa « Vie de Bohème ». Le drame de la pauvreté qui mit debout l'admirable phalange des Alphonse Karr, des Gérard de Nerval, et de tant d'autres, qui dressa devant la société les silhouettes hirsutes de Verlaine, de Rimbaud, devenait pour les Goncourt une simple comédie... Ils eurent beau s'appliquer, ils n'arrivèrent jamais à éprouver les angoisses des véritables meurt-de-faim puisqu'ils avaient derrière eux le viatique laissé par l'adorable maman !

Le journalisme ne pouvait leur réussir, pas plus que les gentils lavages d'Edmond dans l'aquarelle, que les reproductions des portraits de La Tour par Jules... Ils trouvèrent enfin une « besogne » qui prit entre leurs mains un éclat incomparable : ils excellèrent dans l'histoire des grands artistes du XVIIIe siècle. Chanter la gloire des autres devait les acheminer à leur propre gloire. Au fond, que sont les romans ? Des récits où l'imagination fournit les documents que l'histoire fournit à l'historien... La piste s'ouvrit toute large. Balzac criait depuis longtemps aux générations à venir que le roman serait l'école de l'historien et qu'aucune histoire ne serait acceptable si elle ne renfermait cette connaissance du cœur humain que seul le romancier vrai nous apporte. La grande histoire et la petite histoire ont une importance égale, ou plutôt la grande histoire n'existe que pour l'homme capable d'en retrouver les éléments dans la vie du Père Goriot ou dans celle de César Birotteau.

Mais Balzac est un tel maître que les jeunes littérateurs qui le suivaient ne pouvaient songer à la création qu'en ramassant les miettes de cette table merveilleuse. Nous négligerons ici ce que Flaubert découvrit de son côté ; nous signalerons seulement que les Goncourt donnèrent de la solidité à l'art même en y introduisant la science sous la forme du document : le document humain. Vérifier l'imagination en lui offrant une charpente, ne jamais écrire que ce qui pouvait vivre que ce qu'on avait vu vivre de ses propres yeux... Zola, Flaubert gagnèrent leur salut dans la description; les Goncourt s'attachèrent au fait. Voilà la trouvaille ! Et ils ne purent donner une idée exacte de leur procédé, après l'avoir essayé dans de nombreux chefs-d'œuvre, que dans ce livre admirable, La Faustin, qui fut bâti tout entier avec des documents humains, c'est-à-dire avec des faits ramassés dans la réalité la plus vraie, la réalité de tous les jours, soigneusement collectionnés d'abord, puis venant se fixer dans le roman, devenus des preuves, des arguments indiscutables...

Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]

Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]

Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]

Collectif "Hommage à Edmond et Jules de Goncourt" (Flammarion - 1946) [1500 exemplaires]

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