Critique de "Les Plaisirs passionnés" par Ph. Neel (1929)
Critique de Les Plaisirs passionnés, signée Ph. N., parue dans Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques du 23 mars 1929 :
Les Plaisirs passionnés
par J.-H. Rosny jeune
« Hâtons-nous de peindre les mœurs d'aujourd'hui, dit M. J.-H Rosny jeune dans sa préface, il serait trop tard demain. » Et l'on pourrait lui faire grief de s'attacher à des faits si éphémères, si l'on ne s'apercevait que les caractères et les scènes de son livre n'ont en somme rien qui les rende essentiellement contemporains. André de Gérard ou l'arriviste, la Vasantena, curieuse de jouissances pimentées, Georgette, l'amoureuse prête à tous les égarements pour conquérir l'homme qu'elle aime, un jaloux, un pique-assiettes, ce ne sont pas là des types particuliers à notre temps. Quant aux scènes dont ils sont les acteurs ou les spectateurs, elles ne s'apparentent à l'heure présente que par la liberté de leur description ; quant aux scènes où André de Gérard fait preuve tour à tour d'une remarquable virilité ou de décevantes défaillances, elles ne se distinguent que par une inutile hardiesse descriptive et d'assez déplaisants détails physiologiques.
La vérité psychologique, comme le nu au théâtre, se réclame à tout propos des droits sacrés de l'art. Mais on ne voit pas que l'art intervienne dans certaines exhibitions ou certaines crudités, et l'on déplore en un tel livre des pages qui semblent destinées à flatter un goût de scandale et une curiosité malsaine plutôt qu'à enrichir les lettres et à sauvegarder les lois de la morale. (Ferenczi.)
Ph. N.
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