Critique de "La Femme disparue" par Victor Snell (1926)
Chronique du roman "La Femme disparue", de J.-H. Rosny aîné, par Victor Snell dans la rubrique Ces livres parmi d'autres.
Elle fut publiée dans Le Plaisir de vivre n°45 du 6 novembre 1926, accompagnée d'une photographie de Henri Manuel :
Il est amusant du voir un auteur de la classe de J.-H. Rosny aîné aborder le genre sous-estimé du roman policier. Sa Femme disparue est très captivante et fort habilement contée, avec des effets de surprise nullement entachés de préparation.
Une femme qui fait en forêt une promenade en voiture est attaquée par des malandrins : le cocher est tué, et la femme se sauve haletante, suivie de près par les bandits. Voilà ce que l'on sait. Mais est-elle devenue leur proie ? Pour le savoir il faut lire le livre, et c'est très attachant.
Mais précisément par le mérite qu'il déploie dans le genre, sans aucunement surclasser ceux qui s'y sont illustrés, Conan Doyle entre autres et Gaboriau qui sont des maîtres, J.-H. Rosny fait en quelque sorte toucher du doigt les difficultés spéciales qu'il comporte. La littérature policière n'est basse que parce qu'elle est généralement le fait de gens sans le moindre talent, sans imagination, sans culture.
Mais qu'un Conan Doyle s'en mêle, ou un imaginatif comme Gaboriau (qui l'a d'ailleurs précédé) et alors c'est un plaisir de l'esprit. On a dit des romans policiers tout le mal qui convient, mais on n'a pas dit le bien que parfois ils méritent.
A lire aussi :
J.-H. Rosny Jeune "Du Sang sur la neige" (Ferenczi - 1947)
Léon Lemonnier "Edgar Poe et les conteurs français" (1947)
Marcel Brion - Un signe des Temps : Pathologie du Roman Policier (1934) [Blog A.D.A.N.A.P.]
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