Allusions : Théo Varlet "La Grande panne" (1930)
Par l'intermédiaire du Club des Saventuriers sur Facebook, Serge Lehman nous signale une allusion aux Xipéhuz de J.-H. Rosny aîné dans "La Grande panne" (1930) de Théo Varlet : "l'entité connue sous le nom de Xénobie dévaste la capitale en se décomposant en une multitude de sous-organismes dont l'auteur dit qu'ils ressemblent aux Xipéhuz de Rosny."
Voici le passage concerné :
"Un point lumineux, au fond de l’avenue mal éclairée, s’avançait avec de petits bondissements souples… tiens, comme un ballon de football qui eût roulé tout seul sans personne pour le pousser. Il grossissait et se rapprochait, suivant l’axe de l’entrevoie des tramways, et derrière ce premier ballon, il y en avait encore, un, deux, trois, dix… toute une ribambelle à la queue leu leu… de grosses boules de lumière verte… comme des globes de pharmaciens… Mais ces boules avaient un mètre ou deux de diamètre.
As-tu lu le conte de Rosny aîné, qui s’intitule les Xipéhuz ? Il a fait frissonner ma jeunesse… quand j’avais encore le temps de lire. Ces Xipéhuz, une création aberrante née sur terre aux âges préhistoriques, étaient des êtres doués d’intelligence, en forme de cônes glissant à ras du sol, et pourvus d’un œil flamboyant… Le frisson éprouvé jadis à cette lecture me ressaisit, mais réel, décuplé, devant ces boules phosphorescentes et monstrueuses. J’étais toujours en panne au carrefour, les regardant venir, perdu dans une curiosité démesurée et perverse… dans une fascination, comme l’oiseau en présence de la gueule du serpent… Les Monstres, nés dans la Centrale de Saint-Denis… fils des alternateurs et des cosmozoaires… qui, après une petite excursion dans Paris pour essayer leurs forces et reconnaître leur domaine, s’en revenaient à leur lieu de naissance, pour prendre du repos, peut-être, et leur pâture de courant…
Hypnotisé, percevant en deux secondes et par voie d’intuition panoramique ces pensées que je t’énonce maladroitement, je les regardais venir droit à moi, à la queue leu leu, les globes lumineux vert-émeraude, les gros et les petits… positivement comme une joyeuse famille qui rentre d’une partie de campagne…
— Feu à volonté ! [...]"
Notons aussi une allusion, à peine déguisée, à Robert Esnault-Pelterie. Rebaptisé Hénault-Feltrie, ce personnage est président de la Ligue Astronautique de France :
"— Chez Hénault-Feltrie, déclare son frère avec orgueil, nous mettons au point un monoplan métallique à turbo-compresseur, qui donnera en vitesse commerciale du 350.
Alburtin, pour se faire pardonner ses antiquités à la manque, soutient et stimule la conversation nouvelle :
— Et quand la fusée astronautique sera devenue d’usage courant, ce n’est plus par centaines de kilomètres à l’heure que l’on comptera, mais par milliers."
Il y a d'autres clins d'oeil dans ce roman :
"Vous oubliez le film : « Une femme sur la Lune », qui nous montre le voyage accompli… d’après le metteur en scène Fritz Lang, décocha Luce, en tirant une lente bouffée de sa cigarette à long tuyau de jade."
"Je songeais à un roman de Wells, La Merveilleuse Visite, dans lequel un ange se matérialise, sorti de « la quatrième dimension »"
Sans oublier la présence de Mme Camille Flammarion et Mme Curie.
Compléments de lecture :
DOSSIER : J.-H. Rosny aîné et Théo Varlet
Critique de "Helgvor du Fleuve Bleu" de J.-H. Rosny aîné par Théo Varlet
Allusions : Thomas Geha "Le drap de soie noire" (2003) : une nouvelle qui met en scène J.-H. Rosny aîné, Régis Messac, Théo Varlet, José Moselli et H.-G. Wells. Rien que ça !
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