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J.-H. Rosny

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)

8 Avril 2013, 19:53pm

Publié par Fabrice Mundzik

Avant toute chose, précisons qu'exceptionnellement cet article n'a aucun lien avec les frères J.-H. Rosny. Si ce n'est le fait d'avoir chiné l'ouvrage de Maurice Venoise en même temps que quelques éditions rosnyiennes manquantes (si si, il m'en manque encore !).

"Les Mystères du Praxinoscope" est un roman écrit par Maurice Venoise, édité par l'ancienne Librairie Furne, Boivin et Cie éditeur, en 1931 et illustré par Malo Renault.

L'ouvrage est relié, couverture toilée rouge frappée de caractères dorés, ainsi que d'une illustration de Malo Renault. Ce grand cartonnage éditeur est composé de 189 pages + 1 page pour la table des matières. Il existe une autre version de cet ouvrage (voir photographie ci-dessous) qui propose quelques illustrations en couleur.

"Les Mystères du Praxinoscope" nous raconte l'histoire d'Alain Gerbault, un "jeune malade" obligé de se rester au lit pour se remettre de la scarlatine. Afin de passer le temps, il dévore des livres, de "beaux volumes à reliures gaufrées".

Tante Armandine lui rend visite pour lui apporter "un volumineux carton cubique". Elle porte fièrement son nouveau chapeau en forme d'abat-jour :

"Figure toi que j'avais besoin d'un chapeau. Or, ma modiste [...] a eu des revers ! [...] Elle gagnait péniblement sa vie à confectionner des abat-jour... Des abat-jour, lui ai-je dit, ce n'est pas cela qui peut mettre du beurre dans vos épinards... [...] Vous coiffez des lampes, pourquoi ne coifferiez-vous pas aussi des créatures humaines ?"

Pour le moment, rien de bien intéressant dans cette histoire. Mais, dès le début de ce récit, on devine bien que Maurice Venoise a décidé de ne pas se prendre au sérieux...

"Alain, Alain, je ne pouvais venir si près sans te rendre visite et te rendre visite sans t'apporter un présent... [...] J'ai invoqué les saints qui me sont le plus propices... [...] soufflez-moi une idée !... Une petite idée, et qu'il me soit permis de surprendre agréablement mon neveu malade !... Ni Louis, mon préféré, ni Antoine ne condescendirent à me satisfaire. Tout à coup, je bondis sur le calendrier. Le saint du jour ! [...] C'était Anicet..." . Maurice Venoise précise, un peu plus loin, que St Anicet était un pape savant et doctrinaire.

"A peine avais-je murmuré cette imploration qu'une voix céleste [...] prononça distinctement à mon oreille les syllabes suivantes : Phé-na-kis-tis-cope ! Je restais pantelante, cela ne me représentait rien [...] Il reprit sur le mode angélique : C'est Pra-xi-nos-cope que j'aurais pu dire, car, en effet, celui que vous possédez ne porte que ce nom."

"Sur le haut d'une armoire s'ennuyait l'objet. Le voici ! [...] Ignorez-vous le Phénakistiscope ou Praxinoscope ? [c'est un ] Appareil qui donne l'illusion du mouvement au moyen de la persistance des sensations optiques [...] C'est un jeu qui est l'ancêtre du cinéma."

"Je suis émue, très émue... Après un demi-siècle, je rends à la vie des personnages qui ont enchanté mon enfance... Ils vont s'éveiller, s'animer pour toi, mon petit ! [...] J'ai plus rêvé d'eux que toi, devant les écrans des jeudis ou des dimanches pluvieux. D'abord mes héros ne me quittaient pas. Je les appelais quand je voulais, ils sont si dociles ; ils étaient vraiment mêlés à ma vie et leur vie n'avait pas de secrets pour moi. Ils me racontaient leurs aventures."

"La plus belle histoire, n'est-elle plus celle qu'on imagine, mais celle qu'on lit, ou qu'on suit d'un bout à l'autre au cinéma, qui vous est toujours étrangère, dans laquelle on ne peut pas entrer au bon moment pour modifier les événements qui vous désagréent [...]"

"Vous avez raison, c'est moi qui vous rapporterai les confessions de ceux qui furent emprisonnés dans le praxinoscope. Car ce jeu m'a tout l'air d'une prison !"

"Oui, c'est une prison... et sur laquelle règne je ne sais quel prestige ou enchantement !"

Ce qui ne ressemble, a priori, qu'à un jeu inventé par Tante Armandine pour distraire son neveu va très vite révéler sa vraie nature : "Il fait tourner la noire prison..."

Première scène, un vieillard fouette un enfant. Le ralenti des images "révèle les moindres soubresauts du condamné et l'application horrible du bourreau". Alain décide d'accélérer le mouvement : "Les images se brouilles ! Le praxinoscope ronfle comme une toupie. La vitesse chasse la bande hors de la machine... Elle se déroule et flotte en spirale, au-dessus du lit, puis tout disparaît... Alain se frotte les yeux. A son côté, il voit un garçon de son âge"

Le garçon explique à Alain que le bourreau "est un automate, Monsieur, Maître Berthold de Fallersleben n'a point trouvé d'être humain qui consentit à m'administrer à jamais la fessée". Michel, c'est son prénom, déclare mériter son châtiment et commence à raconter son histoire.

Pour résumer : Michel, enfant unique d'un couple de meuniers, voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'une petite soeur prénommée Solange. Ses animaux de compagnie, qui parlent, en ont assez d'être chassés par les parents des enfants qui les empêchent d'approcher du bébé : "Va-t'en, tu vas donner des puces à Solange".

Michel, Tambour le chien, Farine le chat et Margot la pie décident de perdre Solange dans la forêt...

Face au chagrin de ses parents, Michel repart chercher sa soeur dans le forêt, mais elle n'est plus là... Désespérée, leur mère meurt, Michel décide alors de s'enfuir.

"Michel s'arrêta de parler. Alain toussa. Il n'était pas très fier d'avoir délivré du praxinoscope un enfant dont la conscience se chargeait d'un tel méfait".

Dans sa fuite, Michel vit différentes aventures et croise de nombreux autres personnages, dont Vivette, ainsi qu'un "méchant citadin" et son parapluie. Jusqu'au jour où il rencontre Sieur Berthold de Fallersleben, physicien. Michel lui débite alors toute son histoire. Le physicien lui fait la proposition suivante :

"— Je ne veux pas être heureux, car, alors, jamais mon remords ne s'apaiserait [...]

— [...] Que dirais-tu d'un sommeil dont tu ne serais éveillé que pour subir ta punition ?

— Je ne comprends pas.

— Suppose que je t'endorme [...] Demain matin je t'éveille pour t'administrer une volée au martinet. Tu te rendors, je recommence le soir [...] Tu ne vis que de courts instants, mais qui comptent pour ton rachat : c'est une sorte de Purgatoire intermittent [...]

— Donnez-moi ma première fessée.

— Est-ce le châtiment que tu choisis ? [...] Il faut d'abord que je construise un automate. Personne ne consentira à se cloîtrer avec toi, pour te battre pendant des années... [...]"

Michel explique à Alain que le physicien "saisit un appareil semblable à celui posé sur son lit" :

"— Voici ta prison, Michel (une de mes inventions qui aura plusieurs noms très savants, que personne ne voudra retenir ! [...] Tu vois, c'est blanc, net, propre. Tu te détacheras là-dedans en noir, et les enfants (car ma prison est un jouet) te contempleront par ces étroites fenêtres...

— Mais comment rentrer dans cette boîte un peu moins grande qu'un carton à chapeau ?

— C'est mon affaire !... Allons.... Dors, l'expiation commence..."

Ainsi se termine le récit de Michel. Faut-il préciser que le procédé ne sera jamais expliqué dans ce roman...?

Alain décide de visionner les autres animations :

"Tendant la main au garçon qui se tenait toujours debout auprès du lit :

Cher ami, l'enchantement va prendre fin, j'en suis sûr ! Mais il est beaucoup trop tard pour que, dès maintenant, je vous confronte aux autres personnages du praxinoscope, dont vous connaissez au moins une bonne moitié. Ayez confiance, retournez à votre sommeil une fois de plus. Lorsque je vous rappellerai du monde des ombres, j'ai dans l'idée que je serai à même de vous causer quelques surprises [...]

Alain, d'un doigt distrait, avait mis en mouvement le praxinoscope vide. Les silhouettes de Michel et de l'automate s'élevèrent au-dessus du lit, elles flottèrent un instant, tournant en même temps que l'appareil, puis la vitesse de ce dernier parut les aspirer, tel un tourbillon attire les corps [...]"

Le lendemain, Alain fait appel à Tante Armandine. Ils décident de ranimer les animaux de compagnie de Michel :

"Je me sens jalouse, jamais les personnages du praxinoscope ne se sont confiés à moi de cette façon".

Une fois les animaux hors du praxinoscope, ils découvrent que le chat Farine est devenu noir et qu'aucun des animaux ne parlent... Ils décident alors de faire venir Vivette :

"Pourriez-vous nous expliquer pourquoi nous vous retrouvons dans le praxinoscope ?"

Elle raconte, à son tour, son histoire : comment elle est tombée amoureuse de Michel, ainsi que sa rencontre avec le physicien :

"Je vis, au bout de l'allée, un inconnu drapé de noir qui paraissait me contempler [...] Je me haussai vers son étrange visage phosphorescent dont les yeux m'étaient cachés par les bords d'un chapeau, et le menton par les plis d'une cape [...]

Est-ce Michel, Monsieur, qui vous envoie ici ? [...] Où est-il ?

Dans un pays qui n'est plus le vôtre...

Où j'irais le rejoindre, alors...

Vous ne pouvez tout quitter et vous résoudre à n'être plus qu'une ombre !

S'il est mort, je mourrai pour fuir vers lui !

— Non, non, il n'est pas mort, il subit son châtiment" [...] J'ai compris, je vous conduirai vers Michel... Vous serrez près de lui (mais vous ne le reverrez pas encore). Je vous garderai prisonnière jusqu'à sa délivrance."

Tante Armandine et Alain réveille maintenant Eugène l'Optimiste :

"Monsieur Eugène, nous sommes réunis pour élucider le mystère de ce jeu : le praxinoscope.

Pardon, vous appelez cela, praxi ? pourquoi praxi ? Je croyais que c'était Zootrope ?"

Petite parenthèse, dans son catalogue de vente "Poupée, jouets, jeux, curiosité et automates de Collection", la Maison de ventes Lombrail-Teucquam résume ainsi le roman : "Mystères du Praxinoscope par Maurice Venoise (Editions Boivin & Cie à Paris) étrange roman pour enfant faisant état du mystère concernant les personnages des bandes du Praxinoscope mais qui confonds cet instrument avec le Zootrope". La personne qui a rédigé cette notice se trompe, les différentes noms de cet objet sont expliqué dans ce chapitre..

Eugène explique qu'après avoir rencontré Michel et écouté son histoire, il a perdu son optimisme habituel :

"Je soupire à fendre l'âme, le souvenir de ma rencontre me hante. Je me heurte alors à un étranger que, dans un mouvement de confiance, je supplie de me guider, à nouveau, vers la paix.

— Je vous promets, — me dit-il, — que vous ne vivrez plus que dans l'exaltation du chant et de la danse, suivez-moi...

Il a tenu promesse. Depuis, j'ai perdu la notion du temps... Etait-ce hier ? Etait-ce il y a des lustres ? [...]

Armandine — [...] nous ne possédons aucun droit à bouleverser votre vision du monde. Aussi retournez, puisque tel est votre bon plaisir, à votre Zootrope. Vous n'êtes juste bon qu'à demeurer un des personnages éternels de ce théâtre d'ombres..."

Alain et sa tante invoquent maintenant l'homme au parapluie, le "méchant citadin". Ce dernier explique qu'après avoir rencontré Michel et l'avoir mal traité, "un olibrius" s'est présenté chez lui et l'a condamné "à ne plus vivre que pour trotter sous une giboulée, protégé par un parapluie..."

Face à son attitude, Alain et Armandine le renvoient, tout comme il l'ont déjà fait avec Eugène :

"— Quel furieux !

— Quelle bête maussade !

— Au Zootrope, et pour toujours..."

Michel retrouve enfin Vivette :

"— Armandine : Embrassez-vous mes enfants. Michel [...], les temps sont proches où Solange doit être retrouvée ! Nous avons essayé d'interroger Tambour, mais ni mon neveu, ni moi n'avons pu le comprendre, peut-être que vous-même...

— Michel : Certes (flattant le chien). Est-ce vrai, mon vieux Tambour, que nous ne sommes plus capables de nous comprendre ?

Tambour : Non, non ! Mais je ne savais si je devais parler devant Mademoiselle et Monsieur [...]"

Tambour commence son récit. Il décrit comment il a retrouvé Solange, adoptée par un ménage de Bohémiens. Mais le couple réussit à semer le chien :

"Un homme me siffle, j'accours... il m'emmène, et, ô surprise ! chez lui je retrouve Farine et Margot !

— Vous n'aurez plus de souci à avoir, ni les uns ni les autres... vous jouerez ensemble, paisiblement, comme si de rien n'était..."

Farine explique que Sieur Berthold de Fallersleben l'a teint en noir avant de le mettre dans le praxinoscope : "sous prétexte qu'en tant que chat blanc j'y serais invisible."

Bientôt sonne minuit :

"C'est l'heure à laquelle Cendrillon perd sa pantoufle [...] il faut clore cette première réunion générale, en nous embrassant tous et aller nous coucher, qui dans nos lits, qui dans le praxinoscope [...]"

"Alain — Que ferons-nous, lorsque tous nos personnages seront délivrés. Il me semble que nous leur avons promis de revivre ? [...]

Amandine — Je t'ai déjà parlé de ma modiste Zoé Belpomme ? [...]Elle crée des chapeaux ravissants, protège tous les animaux du quartier, mais offre encore la particularité de passer chacune de ses soirées au cinéma [...] elle s'attache aux héros, les présente, entre eux, d'un film à l'autre [...] En les mêlant, elle combine de nouvelles intrigues [...] Si elle ne suffit pas, nous invoquerons St Anicet [...] Avec Zoé sur le plan terrestre, notre bien-aimé Pontif, sur le céleste, les événements tourneront à notre gré..."

Ainsi s'achève la première partie de l'histoire. La deuxième commence dans la chambre d'Alain toujours en convalescence. C'est au tour de "la bohémienne qui danse sur une boule" d'intervenir. Nous découvrons enfin l'histoire de Sarah et son mari Ramiro, "le ménage de Bohémiens" qui a adopté Solange, la renommant Salvia.

"Nous ne l'avons pas volée... nous l'avons trouvée, abandonnée au fond d'une forêt..."

Un jour, ils croisent Sagarzazu, la sorcière, à qui ils demandent de leur raconter l'histoire de leur fille adoptive. Grâce à ses pouvoirs, elle leur révèle quelques éléments du passé de Solange/Salvia (le décès de sa mère), ainsi que quelques événements du futur (elle sera amoureuse de jumeaux / elle deviendra une princesse) :

"J'aime mieux vous prévenir, les destins sont irrévocables, vous la perdrez avant sa dix-neuvième année."

"Les mois, les années s'envolaient. Salvia avait dix ans. Nous achetâmes une belle roulotte neuve [...]"

"Salvia avait dix-sept ans... Nous étions revenus en France."

A côté de leur roulotte se trouvait une autre, avec "à son arrière, un gros ours enchaîné [qui] découvrait ses longues dents jaune [...]". Ramiro découvre bientôt que leurs voisins sont des jumeaux : Tylio et Stenio...

Les frères possèdent le "Cabinet aux Prestiges" :

"Stenio annonça : Apparition de mon frère magicien ! [...] Tylio, habillé d'une longue robe blanche, à manches flottantes, d'un blanc bonnet pointu d'astrologue, surgit on ne sut d'où. Sur sa coiffure, sur les plis de sa tunique, se révélaient, des motifs phosphorescent : bêtes du zodiaque, étoiles, comètes, arc-en-ciel et lunes [...] Mon frère se promène dans l'éther qui baigne les mondes. Il rencontre cette faune de l'Astral qui hante ordinairement les cauchemars des hommes [...]

Nous vîmes, en effet, rôder autour de Tylio d'étranges monstres que, d'un mouvement, il écartait et rendait à la nuit. On eût dit des méduses suspendues dans une eau glauque..."

Tylio et Stenio proposent aux parents adoptifs de Solange/Salvia de s'associer. Bientôt Salvia et Tylio se fiancent, le mariage se prépare :

"Nous arrivâmes dans la principauté de Lilienbrück. Comme chacun sait, la ville de Lilienbrück en est la capitale". Un lieu imaginaire dont l'auteur précise que le nom "veut dire Pont des Lys".

"Les citoyens de Lilienbrück ont deux passions que flatte l'archiduc Othon, pour nous asservir. Nous adorons la princesse Lia et somme gourmands..."

La princesse Lia "avait vraiment mauvaise mine". "Sans la princesse Lia, le régime était renversé !"

Salvia décrit sa rencontre avec Sieur Berthold de Fallersleben :

"Un étrange bonhomme, qui me regardait avec fixité, alors que je pénétrais dans la boutique, m'a suivie jusqu'ici ! Il portait une paire de lunettes rondes et ressemblait à un hibou".

"Nous avions oublié que Salvia allait rentrer dans sa dix-neuvième année !"

Le lendemain, Salvia disparaît... "Trois inconnus guidaient une femme blonde, masquée...". Le couple de bohémien et les jumeaux partent à sa recherche.

"Un soir, quelqu'un toqua contre la vitre. J'ouvris à un étranger qui, sans façon, s'introduit en se présentant :

Docteur Berthold de Fallersleben ! Depuis dix-huit ans, je suis, avec une longue-vue magique, votre existence et celle de Salvia... Patience, je tiens tous les fils de l'histoire... Confiez-vous à moi, vous la reverrez. Je n'ose vous préciser au bout de combien d'années, vous seriez effrayés... Le temps n'est que la plus grande illusion des hommes. Je vous offre un refuge dans lequel il s'abolira."

Inquiète pour les jumeaux et Bruno, leur ours, Sarah interroge le physicien qui lui répond :

"Dans quelques mois, leur situation sera telle, que le salut, pour eux, consistera à profiter aussi de cette hospitalité que je vous offre...

Je dus me taire, convaincue. Et voici comment nous entrâmes dans le praxinoscope."

A la fin du récit de Sarah, Michel courut l'embrasser

"Comme je vous remercie d'avoir tant choyé ma petite soeur, car Salvia, c'est Solange !

L'étonnement de la gitane se manifesta aussitôt.

Comment, votre petit soeur ? Mais vous paraissez quinze ans à peine et Salvia en avait dix-neuf, lorsque nous l'avons perdue !

C'est que je suis entré dans le praxinoscope bien avant vous, et Solange a grandi, tandis que ma croissance était arrêtée. Il n'empêche que j'étais son aîné..."

Alain décide de libérer Ramiro, puis Tylio du praxinoscope :

"Tylio bondit en avant avec, à bout de bras tendus, sa tête, comme un ballon de rugby attrapé de justesse [...] Puis, avec précaution, au ralenti, Tylio recolla son chef et aussitôt Sarah d'un côté, Ramiro de l'autre, se jetèrent sur lui, l'accablant de questions mêlées de congratulations et de baisers."

C'est au tour de Tylio de commencer son récit :

"Un peu ému, Tylio sembla quêter, du couple ami, un regard d'encouragement et une explication.

Ramiro avoua : Je ne suis pas plus avancé que toi, et je ne sais si nous vivons ou rêvons..."

Tylio explique que des brigands les ont enlevé, lui et Stenio, avant de les emmener à leur refuge : "de grande tours démantelées s'élevaient dans le ciel..."

Trabalgadas, le chef des brigands révèle qu'il a enlevé Salvia sur ordre du Comte de Freiligrath et avoue où elle se trouve.

Les frères retrouvent la trace de Salvia, à Lilienbrück où elle remplace la princesse Lia "seul soutien du régime", qui est décédée. Sa mémoire a été effacée par un hollandais, le Docteur Grotius, comme l'explique la gouvernante Fraü Himmelschlüsselein :

"pour elle, son passé n'existe plus, le Docteur le lui a enlevé [...] Si quelques souvenirs la hantaient encore [...] le Hollandais serait dans l'obligation de lui administrer une seconde dose de sa potion merveilleuse."

Les jumeau délivre Salvia, qui retrouve la mémoire, mais sont recherchés... Soudain :

"Un homme surgit dans l'allée : Vous souhaitez de recommencer à jamais cette valse ?"

"— Buvez quelques gouttes de ce cordial, Mademoiselle, il ne ressemble en rien aux médicament de cet âne bâté de Grotius !

— Vous le connaissez donc, Monsieur ?

— C'est un de mes confrères..."

"Je suis le physicien Berthold de Fallersleben, et ne vous sauve qu'à la condition que vous deveniez mes prisonniers. Ma prison est agréable... Elle s'appelle "Praxinoscope". Vous Tylio, vous y valserez sans fin avec Salvia, et vous consentirez aussi à jouer au magicien qui change de tête... Vous, Stenio, vous retrouverez un ours qui dansera au son de votre fifre, comme jadis... [...] Votre situation est inextricable. Le temps seul, le temps peut tout arranger. Je mets cette puissance entre vos mains. Lorsqu'on vous rendra la vie, vous n'aurez plus qu'à jouir du bonheur recouvré."

L'histoire de Tylio terminée, Tante Armandine et Alain libèrent enfin Salvia/Solange qui retrouvent ses amis.

"N'oublions pas que ce moment nous le devons à l'imagination et au coeur de nos grands amis."

Fin de l'histoire ? Non ! Maurice Venoise nous réserve encore quelques surprises...

Melle Armandine va frapper à la porte de sa modiste Zoé Belpomme :

"Mon neveu et moi avons fait s'échapper les personnages d'un praxinoscope. Je vais vous répéter leur histoire et vous prierai de nous aider de vos suggestions, car, maintenant, nous ne savons trop comment remettre nos héros en circulation dans la vie courante..."

"Je suis dans l'obligation de les vêtir convenablement ! Leurs accoutrements datent un peu... [...] Le praxinoscope est l'ancêtre du cinéma, vos gens sont donc, par conséquent, les précurseurs des "Etoiles". Ils tourneront dans n'importe quel studio, comme s'ils en avaient l'habitude depuis leur naissance ! Oh ! une idée... Mystères du Praxinoscope, quel titre pour un film... Nous possédons là un sujet extraordinaire. J'ai lu ce matin dans Ciné-Monde que Hugo Stein est dans nos murs [...] C'est un scénario bâti pour lui. Je vais le transcrire et le lui proposer avec nos cinq vedettes [...]"

"Hugo Stein a répondu ! Il accepte notre scénario et nous convoque tous [...]"

Mais nos personnages sont fatigués d'avoir trop couru après le bonheur :

"Mais ils sont neurasthéniques !"

Melle Armandine en appelle donc à Saint Anicet :

"Il y eut un grand silence, puis une sonnerie stridente comme celle d'un ascenseur [...] Tous virent ensuite une créature extraordinaire écarter la croisée ainsi que les deux battants d'une porte à glissière. C'était un ange puisqu'il avait des ailes, mais un ange vêtu en groom bleu ; un ange puisqu'il possédait aussi une auréole, mais à demi-formée par les lettres du mot "Lift". Alors, d'une cabine de lumière sortit Saint Anicet en sandale, chape, tiare et gants blancs."

"Il parla d'une voix légèrement nasale, avec l'accent italien :

Ze souis un peu responsable de cette aventure, mes frères, aussi je veux aider à la dénouer !"

L'ange place tout les personnage du praxinoscope au fond de la cabine :

"Pour quelques minoutes, je les enlève à la Terre [...]

La machine disparut, happée par l'éther qui luisait entre les nuées."

L'ange-groom revient enfin avec Vivette, Michel, Salvia, Stenio et Tylio. Manque Sarah et Ramiro qui sont restés au Paradis comme l'explique Salvia :

"Mes vrais parents les ont gardés près d'eux. Ils ont au ciel un tel confort ! [...] Nos gestes leur parviennent par télévision, nos paroles par T.S.F..."

Tout est pardonné :

"Maintenant, il faut vous vêtir à la mode de 1931."

Ils partent enfin pour rejoindre le "célèbre metteur en scène allemand" Hugo Stein :

"Hugo Stein souriait... Michel, Vivette, Tylio, Stenio, Salvia se regardaient entre eux et lisaient, clairement, la même constatation stupéfiante [...]

Savez-vous à qui ressemble Monsieur Stein ?

A Fallersleben [...] et si c'était lui ?"

Fin de l'histoire

Ce roman est un véritable feu d'artifice ! Dans cette histoire, Maurice Venoise mélange allègrement tous les genres :

  • un crime : l'enlèvement d'un petite fille.
  • un drame : le bébé disparaît, sa mère meurt de désespoir.
  • une intrigue : les recherches pour retrouver Solange, l'enquête pour retrouver le ravisseur.
  • du merveilleux : des animaux intelligent qui parlent.
  • du fantastique : une sorcière capable de voir le passé et de prévoir l'avenir.
  • du merveilleux scientifique : le physicien/docteur/professeur Berthold de Fallersleben qui invente un procédé secret permettant de transférer des êtres humains dans un praxinoscope, sans les tuer et en stoppant les effets du temps. Sans oublier qu'il utilise "une longue-vue magique".
  • un paradoxe temporel : Michel, le grand frère, qui retrouve sa soeur plus âgée que lui.
  • une sorte de savant (un peu) fou : le Docteur Grotius qui efface la mémoire grâce à sa potion merveilleuse.
  • de l'aventure : les jumeaux et les brigands, les aventures de Michel dans la forêt, etc...
  • du grotesque : Zoé Belpomme et ses chapeaux en forme d'abat-jour.
  • du Divin : les interventions de Saint Anicet.
  • de l'humour : les scènes avec l'ange-groom.

etc, etc, etc...

"Les Mystères du Praxinoscope" de Maurice Venoise est un véritable régal.

Seul trace de ce roman sur les sites spécialisés : un message de Fantomas en 2008 sur le Forum de B.D.F.I pour demander si "Les Mystères du Praxinoscope" est conjectural ? Message sans réponse... Ce roman n'est pas référencé dans les bases de données.

Vous savez ce qu'il vous reste à faire : cet ouvrage se trouve assez facilement. Comme dirait Joseph Altairac : "Il faut acheter !".

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931)

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Alain Gerbault et Tante Armandine qui porte son nouveau chapeau en forme d'abat-jour.

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Alain Gerbault et Tante Armandine qui porte son nouveau chapeau en forme d'abat-jour.

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le praxinoscope révèle les moindres soubresauts du condamné et l'application horrible du boureau.

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le praxinoscope révèle les moindres soubresauts du condamné et l'application horrible du boureau.

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Tambour le chien, Farine le chat et Margot la pie

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Tambour le chien, Farine le chat et Margot la pie

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : arrivée de la petite Solange

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : arrivée de la petite Solange

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le crime de Michel

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le crime de Michel

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Sieur Berthold de Fallersleben, physicien

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Sieur Berthold de Fallersleben, physicien

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le "méchant citadin" et son parapluie

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : le "méchant citadin" et son parapluie

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : la bohémienne qui danse sur une boule

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : la bohémienne qui danse sur une boule

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : un gros ours enchaîné, découvrait ses longues dents jaune...

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : un gros ours enchaîné, découvrait ses longues dents jaune...

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Sur sa coiffure, sur les plis de sa tunique, se révélaient, des motifs phosphorescent : bêtes du zodiaque, étoiles, comètes, arc-en-ciel et lunes

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Sur sa coiffure, sur les plis de sa tunique, se révélaient, des motifs phosphorescent : bêtes du zodiaque, étoiles, comètes, arc-en-ciel et lunes

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : de grande tours démantelées s'élevaient dans le ciel...

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : de grande tours démantelées s'élevaient dans le ciel...

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Salvia, à Lilienbrück, jouant le rôle de la princesse Lia

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : Salvia, à Lilienbrück, jouant le rôle de la princesse Lia

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : la modiste Zoé Belpomme et ses chapeaux

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : la modiste Zoé Belpomme et ses chapeaux

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : C'était un ange puisqu'il avait des ailes, mais un ange vêtu en groom bleu ; un ange puisqu'il possédait aussi une auréole, mais à demi-formée par les lettres du mot "Lift".

Maurice Venoise "Les Mystères du Praxinoscope" (Boivin et Cie éditeur - 1931) : C'était un ange puisqu'il avait des ailes, mais un ange vêtu en groom bleu ; un ange puisqu'il possédait aussi une auréole, mais à demi-formée par les lettres du mot "Lift".

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F
Merci d'avoir répondu sur BDFI à ma question. le seul problème maintenant est de retrouver le livre dans les cartons de "trucs-à-voir-plus-tard"
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