J.-H. Rosny "La Promesse, pièce en trois tableaux" (Stock - 1897)
"La Promesse" est une pièce de théâtre, signée par les frères J.-H. Rosny, dont le texte fut publié par les éditions Stocken 1897.
La première représentation de cette pièce en trois tableaux se déroula au théâtre national de l'Odéon, le 1er février 1897 :
"Premières représentations : [...] Hier au soir, la quantité a suppléé à la qualité : une pièce en trois actes et deux pièces en un acte composaient le menu […]
La Promesse, qui était le gros morceau de la soirée, emploie trois actes courts, il est vrai, pour nous développer les péripéties un peu naïves et souvent présentées d'un malentendu sentimental, pour lequel une scène pouvait suffire. Vraiment il semble que, dans cette représentation, on ait perdu la notion des justes proportions, et que, comme disent les architectes, rien n'ait été à « l'échelle ». Quelles que soient les finesses psychologiques, qui ont pour effet de nous montrer par quelles progressions, a passé le cœur de Marthe, avant qu'elle se rende compte, elle-même, qu'elle n'aime que son tuteur, le capitaine Henri Béthune, à qui l'avait fiancée son père en mourant, cela est d'intérêt médiocre, parce que dès le premier mot, dès la première scène, nous savons à quoi nous en tenir […]
La Promesse a une interprétation inégale, comme souvent à l'Odéon ; la débutante Mlle Meuris joue le rôle de Marthe avec une délicatesse charmante, elle dit avec une exquise justesse et un vrai sentiment des nuances, c'est bien une comédienne, cette jeune fille, qui a eu tant de mal à se frayer passage, malgré la pénurie artistique. Janvier est amusant dans un bout de rôle inutile. Rousselle très convenable, quant à Rameau, il mange la moitié de ses phrases et chantonne l'autre moitié. (1)"
A propos du théâtre, J.-H. Rosny aîné disait en 1908 : "Je voudrais être directeur de l’Odéon. Mon programme serait : le minimum de décors et de frais, et le maximum de talent dans ma jeune troupe."
Une lecture de "La Promesse" (en intégralité ou uniquement un extrait ?) fut diffusée à partir de 20h15 (quelle précision !) sur Radio Juan-les-Pins, le 21 octobre 1935.
Le texte est assez "léger", mais les interventions de Bardoux sont des plus savoureuses ; cet inventeur fou a une imagination débordante :
"Il manque des inventions pour la prochaine guerre..."
"(Mystérieusement) J'ai trouvé une pièce mécanique... qu'on mettrait au bout de la baïonnette..."
"Un cheval à vapeur, un cheval qui galoperait comme un cheval ordinaire, avec un faux cavalier armé d'une longue lance qui irait d'avant arrière... ça semblerait terrible, n'est-ce pas, un régiment qui chargerait et sur lequel la fusillade n'aurait aucun effet !"
"Y a encore l'obus marchant... la boîte à poison..."
"Qu'est-ce que tu penserais, si je donnais à l'armée française d'énormes rouleaux de fer... qui courraient d'eux-même sur l'ennemi et qui écraseraient des milles et des milliards ?..."
"Et puis, dans les rouleaux, y aurait du chloroforme qui sortirait par des petits trous... Alors tous ceux qui ne seraient pas morts seraient endormis ! (Avec enthousiasme.) Cent mille hommes endormis !"
"Une supposition qu'on ait dressé des corbeaux — c'est aussi intelligent que des chiens, les corbeaux, tandis que les pigeons c'est bête. — On en aurait des milliers, qui porteraient tous un petit obus qu'ils lâcheraient sur l'armée allemande quand on leur z'y enverrait d'autres vieux corbeaux dressés à crier : "Lâchez tout !" Au moment ousque les vieux corbeaux arriveraient crier parmi les autres, y lâcheraient tous ensemble leur obus..."
"Faudrait faire un trou, mon copain, au lieu de percer des îles de Panama... un trou dans le feu central... et faire cuire l'Allemagne dans une tourte !"
(1) Félix Duquesnel "Les Premières" in Le Gaulois du 2 février 1897
(2) Jules Renard "Journal", en date du 1er mars 1908
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