J.-H. Rosny aîné "La Jeune vampire" in La France fantastique 1900 (1978)
"La Jeune vampire" de J.-H. Rosny aîné a connu de nombreuses rééditions, dont une, dans l'anthologie "La France fantastique 1900" de Michel Desbruères, publiée par les éditions Phébus en 1978.
26 textes, précédés d'une présentation de l'auteur par Michel Desbruères, composent ce pavé de 448 pages :
Michel Desbruères - Introduction
Paul Adam - La Colère du Soleil
Guillaume Apollinaire - La Disparition d'Honoré Subrac
Jules Bois - La Grande Anglaise
Gaston Danville - L'Ange noir
Georges Eekhoud - Le Suicide par Amour
Claude Farrère - Hors du silence
Anatole France - M. Pigeonneau
Gustave Geffroy - La Voix
Remy de Gourmont - Le Magnolia
Franz Hellens - Un Crime incodifié
Gaston Leroux - L'homme qui a vu le Diable
Jean Lorrain - Les Trous du masque
Pierre Louÿs - Ascension au Venusberg
Maurice Maeterlinck - Onirologie
Camille Mauclair - Les Clefs d'or
Catulle Mendès - La Peur dans l'île
Victor Émile-Michelet - L'Inquiétante Rose
Octave Mirbeau - La Chambre Close
Laurent Montésiste - La Demeure de l'inconnu
John-Antoine Nau - Les Yeux d'émeraude
Joséphine Péladan - La Harpe de Cléden
Henri de Régnier - La Mort de M. de Nouâtre et de Madame de Ferlinde
Maurice Renard - Le Rendez-vous
Georges Rodenbach - L'ami des miroirs
J.-H. Rosny aîné - La Jeune vampire
Marcel Schwob - L'Homme voilé
Présentation :
"La France 1900 qui nous est ici présentée a bien peu à voir avec les aimables fanfreluches boulevardières qui viennent ordinairement — et malencontreusement — à l'esprit dès qu'on songe à la "Belle Epoque". On oublie en effet que cette période a été l'un des moments-clés de l'histoire de la pensée, de la littérature, de la musique, de l'art. On oublie surtout qu'elle ne fut pas la "Belle" époque pour tout le monde, le carnaval mondain qui occupait alors l'avant-scène évoluant sur une toile de fond plutôt sinistre.
A bien écouter les écrivains et les artistes du temps, on s'aperçoit en effet qu'ils n'avaient pas que des choses amusantes à nous dire. Leur époque, qui était celle d'une secrète révolution de tout, était à l'évidence un de ces seuils où le temps s'étrangle, où les hommes et les idées se bousculent, les flonflons du bal n'étaient là que pour faire taire l'appréhension des lendemains qui déchantent (on sait quelle boucherie sans nom sera le clou de la fête).
On comprend que dans de telles conditions, le fantastique, qui est toujours qu'on le veuille ou non l'extériorisation d'une angoisse, ait trouvé de quoi s'alimenter. On songe bien sûr à Kafka, à Meyrink, à Henry James (celui du Tour d'écrou). Mais qui se souvient des Français ? Et pourtant jamais notre pays n'aura autant inventé, autant innové surtout, dans le domaine de l'étrange, du mystère, de l'épouvante. Bien rares en effet les écrivains de cette « fin de siècle » qui n'aient sacrifié un jour ou l'autre — parfois même avec constance — au démon familier du fantastique.
On les retrouve tous : les Symbolistes d'abord (Rémy de Gourmont, Maeterlinck, et même le sage Henri de Régnier — conteur très injustement méconnu), les "décadents" bien sûr (au premier rang desquels le très trouble et très troublant Jean Lorrain) mais aussi des solitaires (Marcel Schwob), des "pré-surréalistes" (Apollinaire, Franz Hellens), des "mystiques" (Péladan et quelques autres), et toute une cohorte d'oubliés qui n'ont pas fini de nous surprendre — parmi lesquels l'inclassable Maurice Renard, découvert naguère par les Surréalistes, mais point pour autant tiré des oubliettes.
Ils nous révèlent la face cachée d'une époque que l'on s'est trop longtemps complu à affubler de masques menteurs. Rien que pour cela il faut les lire : et l'on découvrira que les fantasmes — pas toujours recommandables — de ce pêcheurs en eau trouble sont en fait déjà les nôtres."
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