Allusion : Louis Léon-Martin - Dans le temple de la vente à l’Encan (1932)

Voici un extrait de « Dans le temple de la vente à l’Encan », par Louis Léon-Martin, publié dans Le Petit Parisien du 6 août 1932.

Dans le temple de la vente à l’Encan (Extrait)

Vah’mi, parmi ses frères les hommes des cavernes, était remarquable parce que, au lieu de chasser les bêtes sauvages, il restait auprès du foyer et qu’avec un silex il dessinait des profils de rennes et de mammouths sur les rochers, ou qu’industrieux entre tous il taillait des pierres grossières et leur donnait des formes pratiques et agréables.

Or, ce jour-là, Vah’mi, d’un quartier rugueux de granit avait fait une coupe polie.

Fa-Dhâ le pâtre, l’homme qui luttait corps à corps avec les loups et les étouffait de ses mains, Fa-Dhâ proposa à Vah’mi :

— Donne-moi ta coupe, je te donnerai ma meilleure brebis en échange.

Vah’mi éprouvait déjà au fond de lui le tonique orgueil de la réussite, quand Mi’Tshou, la plus jolie des vierges aux cheveux pâles de la tribu, s’écria :

— Non, c’est moi qui la veux. En échange, je te donnerai mon sourire.

Et Vah’mi connut une plus grande joie en son cœur et il donna la coupe à Mi’Tshou…

Vah’mi venait de faire la première vente aux enchères…

Je me suis permis ce petit récit préhistorique pour la raison suivante :

Quelqu'un m'a dit :

— Faites attention ! Les commissaires priseurs sont des gens charmants mais, ainsi que tous les officiers ministériels, ils aiment peu que l'on parle d'eux. La discrétion leur paraît la vertu la plus agréable et ils n'estiment pas d'hommage supérieur au silence.

En donnant aux commissaires priseurs une origine aussi lointaine qu'honorable, voire auréolée par la légende, je pense ainsi leur témoigner, dès l'abord, la considération à laquelle ils ont les meilleurs droits de prétendre.

Vah’mi est un clin d’œil, à peine déguisé, de l’auteur à Vamireh, roman des âges farouches écrit par les frères J.-H. Rosny.