J.-H. Rosny aîné "La Musique dans le roman contemporain" (s.d.)
Article « La Musique dans le roman contemporain »
Il s’agit de deux pages recto-verso de papier journal d’assez bonne qualité qui laisse supposer une revue littéraire. Les pages sont numérotées de 57 à 60 et est écrit en haut à gauche de chacune d’entre elles « Musica ».
S’agit-il du nom de la revue ? Ou des pages « Musique » de la revue ? Les indices sont assez maigres.
MAJ [02/03/2002] : 8 ans plus tard, voici de nouvelles informations. Il s'agit bien de la revue Musica, mais de mars 1914. Il est donc question dans cet article, de l'édition 1903 de Les Femmes de Setnê, parue sous le pseudonyme Enacryos, et non de la réédition de 1931. Merci au site http://www.bruzanemediabase.com pour ces nouvelles données. J'en profite aussi pour remercier LB qui, dans les commentaires, avait déjà apporté cette réponse en 2018. Toute mes excuses, pour une raison inconnue, je n'ai jamais été notifié de ce commentaire... Mieux vaut tard que jamais ! (Fabrice Mundzik)
Si le texte et les images sont très bien conservés, le papier est assez abîmé : coupé en deux dans sa largeur, bords cornés… On pourra supposer une publication dans les années 1930 ; parmi les œuvres citées dans l’article il est fait mention des Femmes de Setnê publié chez Flammarion en 1931. Il est difficile de dénicher des indices plus précis quant à la datation de l’article.
L’article consiste en un entretien avec le vieux maître qui donne son avis sur le rapport entre littérature et musique dans les romans contemporains, à la fois chez ses homologues européens et à la fois dans ses propres œuvres.
La suite de l’article, dans la dernière page en notre possession est un autre entretien avec cette fois Pierre Louys qui établit un parallèle entre ses récits (l’article cite Aphrodite, Les Chansons de Bilitis, La Femme et le Pantin) et la musique de Wagner.
Ce qui retiendra surtout notre attention, à propos de Rosny aîné, est la présence d’une photographie et d’une caricature inédites !
La photographie ouvre l’article et prend les deux tiers de la page. On y voit l’homme assis face à son piano de profil, fixant de son œil vif les touches du clavier.
La caricature le représente en homme des cavernes pensif, regardant le lecteur, en train de rédiger à la plume le manuscrit de La Guerre du Feu qu’il tient entre ses jambes.
Se perdent dans le décor un Mammouth, un Cerf et un dernier saurien.
Une portée musicale s’échappe enfin de la bouche et de la trompe du Mammouth tandis que les deux autres bêtes semblent lui répondre.
L’illustration titrée « J.-H. Rosny aîné écoutant le concert de la préhistoire » prend l’essentiel de la page et est signée A. & G. Chanteau, sans doute pour Alphonse et Gabriel Chanteau.
Pour le choix de Rosny aîné, l’article précise :
« La « musicalité » de certains écrivains est aisément discernable à première vue dans leurs textes. Chez d’autres, les idées sur la musique se devinent d’une originalité telle qu’une consultation directe s’impose.
Il était logique de commencer nos investigations par un grand maître, de qui l’œuvre fût aussi variée que possible.
A ce compte, un nom était tout indiqué : celui de J.-H. Rosny aîné, qui, par parenthèse, aime la musique, la comprend dans son essence et joue du piano.
Sa production nombreuse et magnifique apparaît sans contredit l’une des plus universelles qui soient dans l’histoire des lettres. Du roman préhistorique – genre par lui créé – au roman social – dont il renouvelle le mode – en passant par la nouvelle psychologique, le récit d’aventures, la restitution archaïque, l’essai de philosophie pure, l’étude de mœurs, le merveilleux scientifique, l’œuvre de J.-H. Rosny aîné révèle une tendance à l’universalité qui force l’admiration des plus sceptiques.
Rechercher la part de la musique dans un ensemble aussi vaste et aussi divers était particulièrement significatif au regard de cette étude, d’autant que cette part est fort grande.
Nul mieux que J.-H. Rosny aîné ne sait créer l’atmosphère d’une « conversation d’idées ». C’est une manière d’enchantement intellectuel qu’un entretien avec le maître, lorsque, comme il veut bien faire avec nous, il donne libre cours à cette verve lumineuse qui lui est propre.
Le grand écrivain possède le privilège rare d’inventer en parlant. »
Le feuillet a été déniché dans le fonds Rosny aîné de la Médiathèque municipale de Bayeux, au cœur d’un cahier rédigé par M. Borel-Rosny sur la vie de son grand-père. (Affaire à suivre…).
Nos remerciements à Mme Lemagnen, Conservateur en chef de la Médiathèque municipale et de la Tapisserie de Bayeux pour l’autorisation de publication du document.
A lire aussi :
J.-H. Rosny aîné "L'Influence de Wagner sur notre littérature" (1913)
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