Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
J.-H. Rosny

M'as-tu vu "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné" (1910)

4 Janvier 2014, 16:40pm

Publié par Fabrice Mundzik

Un très grand merci à Joseph Altairac pour cette belle trouvaille : "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné", signé M'as-tu vu, publié dans Mon Dimanche du 18 septembre 1910.

L'article est accompagné d'une illustration par Pol Petit.

« J.-H. Rosny, » ce n'est pas seulement une signature littéraire avantageusement connue, c'est aussi et surtout une raison sociale. Elle fut fondée jadis par deux frères, Joseph-Henri-Honoré Boex et Séraphin-Justin-François Boex. Pourquoi, s'appelant Boex, ont-ils voulu s'appeler Rosny ? Mystère et littérature !... C'est pour la même raison sans doute que, s'ils se fussent appelés Rosny, ils eussent pris Boex pour pseudonyme !...

Mais les associations littéraires, encore que fraternelles, ne durent pas toujours. L'exemple des Goncourt n'a pas été déterminant pour ceux-là mêmes qui les ont approchés de plus près... puisque les Rosny, comme les Margueritte, ont fini par divorcer !... Comme chacun avait un droit égal à celui de l'autre dans la raison sociale, ils ont résolu fort élégamment le problème en décidant que l'un s'appellerait désormais « J.-H. Rosny aîné » et l'autre « J.-H. Rosny jeune. » Au surplus, ça va bien aujourd'hui que J.-H. Rosny jeune n'a que cinquante et un ans... Mais dans vingt ans ? Quand l'aîné aura soixante-quatorze ans, appellera-t-on encore J.-H. Rosny « jeune » son cadet qui en aura soixante et onze ?

Rosny l'aîné est né à Bruxelles, mais il passa une partie de sa jeunesse à Londres. En 1886, il publie Nell Horn et, en 1887, le Bilatéral. Puis, commence cette collaboration avec son frère qui nous a donné plus de quarante volumes en quelques années. C'est trop. On n'aime pas à voir des écrivains qu'on goûte soumis à un pareil labeur — contre lequel on protesterait, comme à l'égard d'une cruauté, s'il n'était volontaire. — Les Rosny sont des producteurs intarissables et infatigables, et nécessairement la quantité de leurs produits en diminue la valeur d'estime. Des « nouvelles, » plus nombreuses que les sables de la mer, ont été et sont semées par eux dans les colonnes de tous les journaux, et leur surabondance a très certainement fait baisser l'intérêt qu'on leur portait. Car il y a intérêt et intérêt !...

Ce qu'ils donneront ainsi séparés, il est assez difficile de le dire, la Vague rouge et la Mort de la Terre ne permettent pas de le pronostiquer. Mais soyons assurés qu'il y en aura beaucoup.

Que Rosny aîné — pour ne parler que de lui — soit un écrivain dans toute la force et la beauté du terme, c'est ce que nul ne conteste et ce que n'illustre peut-être pas suffisamment sa présence parmi les membres originairement désignés de l'Académie Goncourt. Qu'il soit, d'autre part, le sociologue profond ou le créateur puissant que visiblement il s'efforce d'être, c'est ce qui paraît plus douteux. La débauche de termes scientifiques ne crée pas la science — et Jules Verne ni Wells n'eussent écrit la Mort de la Terre...

Sympathique certes, mais trop abondant, et par conséquent superficiel, tel nous apparaît Rosny au travers d'un style toujours correct, parfois audacieux, rocailleux et peu renouvelé.
Écrivain de race, écrivain d'imagination, écrivain habile. Mais trop ouvrier pour être un maître.

M'AS-TU VU.

* * *

Quelques menues erreurs dans cet article dont l'interêt réside surtout dans son décalage :

L'auteur de ces lignes indique qu'après la publication de Le Bilatéral "commence cette collaboration avec son frère". C'est inexact, Le Bilatéral est le premier roman à avoir été réellement écrit en collaboration.

A ce sujet, se référer au dossier "Que nous enseigne la convention littéraire de 1935 ?" publié dans Le Visage Vert n°23 de novembre 2013.

Ensuite, il s'interroge : "Ce qu'ils donneront ainsi séparés, il est assez difficile de le dire, la Vague rouge et la Mort de la Terre ne permettent pas de le pronostiquer."

Les deux frères se sont séparés vers en juillet 1908 (cf. J.-H. Rosny aîné "Marthe Baraquin" (Plon - 1909)). Lorsque cet article est publié, ce divorce littéraire remonte déjà à plus de 2 ans !

Entre-temps, les Rosny ont publié plusieurs ouvrages (ainsi que plusieurs dizaines de contes et nouvelles).

J.-H. Rosny aîné : Marthe Baraquin, Le Pluralisme, Contes de l'amour et de l'aventure, La Vague rouge...

J.-H. Rosny Jeune : L'Affaire Derive, La Leçon de la Vie...

L'auteur semble bien informé, mais son article arrive deux ans trop tard. Comment expliquer ce décalage et cette charge envers l'aîné surtout ?

Aucune idée !

Surtout sans savoir qui se cachait derrière le pseudonyme "M'as-tu vu"...

M'as-tu vu "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné" in Mon Dimanche du 18 septembre 1910

M'as-tu vu "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné" in Mon Dimanche du 18 septembre 1910

M'as-tu vu "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné" in Mon Dimanche du 18 septembre 1910

M'as-tu vu "Ceux de qui on parle - J.-H. Rosny aîné" in Mon Dimanche du 18 septembre 1910

Commenter cet article

J
Ce "M'as-tu vu" possédait une chronique régulière dans "Mon Dimanche", où il consacrait des articles aux célébrités du temps.
Répondre